mardi 2 janvier 2007

Une vision positive de la belgique

Congo-Kinshasa
Gizenga nommé Premier ministreMarie-France crosMis en ligne le 02/01/2007- - - - - - - - - - -
Le président Joseph Kabila a confié au vieil opposant à Mobutu la tâche de former le gouvernement.Antoine Gizenga est le chef du Parti lumumbiste unifié.Il a développé, dans le passé, une vision particulière du pluralisme politique.
Johanna de Tessières
Portrait
Le vieil opposant congolais Antoine Gizenga, 81 ans, a été nommé Premier ministre samedi par le président Joseph Kabila. L'ordonnance de nomination de M. Gizenga a été accompagnée d'une lettre dans laquelle le chef de l'Etat lui demande de respecter dans la composition de son gouvernement les principes de représentativité nationale ainsi que des critères de compétence, d'honorabilité, de crédibilité et d'intégrité.
Le nouveau Premier ministre est né à Mbanze, dans le Bandundu, le 5 octobre 1925. Après des études chez les missionnaires jésuites, il a fait le petit puis le grand séminaire, dont il sort en 1947 pour être directeur d'école primaire. Il est ensuite fonctionnaire subalterne à la Banque du Congo belge, puis à la Sûreté coloniale, raconte-t-il (1), avant d'enseigner durant trois ans. En 1959, il est élu président du Parti solidaire africain (PSA), qui milite pour l'indépendance. Il participe à des entretiens exploratoires à Bruxelles en décembre, puis passe deux mois en URSS pour y demander un soutien à la lutte pour l'indépendance.
Aux législatives de 1960, organisées par l'administration coloniale, le PSA arrive deuxième, après le MNC-Lumumba; M. Gizenga sera, très logiquement, Vice-Premier ministre auprès du martyr congolais, révoqué par le président Kasa-Vubu le 5 septembre 1960. C'est Antoine Gizenga qui installe le gouvernement Lumumba à Stanleyville après l'arrestation du Premier ministre. Lorsque Cyrille Adoula devient le deuxième Premier ministre du Congo, en août 1961, M. Gizenga garde son poste, avant d'être destitué et emprisonné jusqu'en 1964 sur l'île Bulabemba, à l'embouchure du fleuve Congo. Il sera libéré par Moïse Tshombe lorsque celui-ci remplacera M. Adoula, après la fin de la sécession katangaise.
Antoine Gizenga crée alors le Parti lumumbiste unifié (Palu) avant d'être arrêté à nouveau; c'est Mobutu qui le fait libérer lors de son coup d'Etat de 1965. Gizenga fuit le pays en 1966 avec sa famille après une tentative d'assassinat qu'il attribue à de jeunes mobutistes. Il se réfugie en URSS puis dans deux pays situés dans l'orbite de Moscou, l'Angola et le Congo-Brazzaville et ne rentrera à Kinshasa qu'aux débuts de la démocratisation, en 1992. Depuis l'exil, il tentera de convaincre Mobutu, en 1967, de créer, non un parti unique, mais "deux partis politiques au maximum, susceptibles de mettre fin à l'éparpillement inutile des forces et aux discussions vaines et stériles de tout le temps". Ces partis seraient l'un de droite, l'autre de gauche. "Afin d'éviter la dispersion", leurs dirigeants "doivent être désignés par le chef de l'Etat". Les deux formations s'engageraient par un accord "l'une envers l'autre à respecter les opinions politiques pendant l'exercice du pouvoir par celle qui aurait remporté la victoire aux élections, ce serait là la garantie réelle pour la survie du Congo". Et si ces deux partis "voulaient fusionner pour faire un seul et unique parti, ce serait là une seconde étape positive".
Mobutu n'ayant pas répondu favorablement à cette proposition, Antoine Gizenga lancera, en 1983, un "appel à toute l'opposition congolaise qui lutte contre le régime du despote" pour que celle-ci s'unisse "en deux formations politiques", l'une de droite, l'autre de gauche, celle-ci étant placée sous l'autorité d'Antoine Gizenga. Deux formations sont à ses yeux "suffisantes parce qu'une multitude, à partir de trois formations déjà, nous conduira à des acrobaties politiques du type européen que nous, Africains, n'avons en général pas dans nos aptitudes et créera par ce fait la situation du désordre politique et de l'insécurité". (1)
Un "parti-secte" ?
De retour au Congo, M. Gizenga ne fit guère parler de lui, si ce n'est à l'occasion de heurts entre les militants de son Palu et ceux de l'UDPS d'Etienne Tshisekedi. Comme ce dernier, M. Gizenga refusa de participer au gouvernement de transition (2003-06) mais, contrairement à l'UDPS, siégea au Parlement de transition. Le Palu est souvent décrit, par les outsiders, comme un "parti-secte" en relation avec la ferveur quasi religieuse dont le patriarche est l'objet de la part de ses militants.

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