vendredi 19 janvier 2007

LE PREMIER MINISTRE EXCLUT LES PAMEVOS

Gizenga exclut les députés, les «corrompus» et les «dinosaures»
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Après les festivités de fin d’année et la période de deuil national décrété à la suite du décès du seul Cardinal que comptait le Congo, suivies de la commémoration du double triste anniversaire de la disparition de Laurent-Désiré Kabila et Patrice-Emery Lumumba, la vie politique reprend son cours normal. Les observateurs ont désormais les yeux tournés vers l’Hôtel du Conseil où le Patriarche Gizenga peaufine son équipe. Des échos en provenance de ses proches collaborateurs, il se dégage que le premier ministre refuse d’inclure dans son équipe les députés récemment élus, les divers cadres soupçonnés de corruption active ou passive et de pillage des ressources du sol et sous-sol congolais, ainsi que les dinosaures invétérés de la Deuxième République.Si ce préalable, approuvé tant par le Chef de l’Etat que par le président de l’Assemblée nationale, est levé, et que les réticences des autres «alliés» sont levées, la publication de l’équipe gouvernementale ne saura plus tarder…

Il y a exactement vingt jours que Antoine Gizenga a été nommé Premier ministre de la Rdc ordonnance présidentielle. Suite au retard enregistré dans la publication de la liste des ministres de l’équipe gouvernementale de la coalition Amp-Palu-Udemo, les supputations vont dans tous les sens. En effet, en dehors du fait que le patriarche du Palu refuse de travailler avec des personnes présumées être impliquées dans le détournement des deniers publics et celles ayant travaillé avec feu le maréchal sous la IIème République, il y a cette rumeur persistante selon laquelle le Premier ministre Gizenga ne veut pas aligner dans son Gouvernement des députés nationaux élus. Cette prise de position a suscité la colère des députés qui sont montés sur leurs grands chevaux.Un pavé dans la mareLa plupart des parlementaires de l’Alliance de la majorité présidentielle (Amp), à l’instar de leurs homologues d’autres partis politiques, se sont lancés dans les élections parlementaires du 30 juillet 2006 pour arracher un fauteuil parlementaire dans le but d’accroître leur visibilité politique et briguer un mandat dans l’exécutif national ou provincial. Cette arrière-pensée a été révélée par la démission d’une dizaine des députés nationaux fraîchement élus qui ont aussi glané un mandat de député provincial et se retrouvent également sur la liste… des candidats gouverneurs de province. La plus belle illustration en est donnée par le katangais Moïse Katumbi qui s’est lancé dans la course pour le gouvernorat de sa province. Tandis que l’Honorable Kisombe Kiaku Muisi nourrissant les mêmes ambitions au Bas-Congo a dû se contenter d’un poste au bureau de l’Assemblée provinciale suite à certaines contraintes politiques locales rencontrées après sa démission précipitée de l’Hémicycle du Palais du peuple ! Les autres Honorables demeurés dans le marigot aux crocodiles qu’est l’Assemblée nationale gelaient leurs ambitions en fonction des portefeuilles ministériels.Un changement difficilement acceptableEt pourtant, l’exode des parlementaires congolais vers l’exécutif est un fait politique dans leurs mœurs congolaises depuis l’accession du pays à l’indépendance en 1960. La transition finissante n’a pas dérogé à la règle dans la mesure où la transhumance institutionnelle a mené certains opérateurs politiques venus de Sun City en députés nationaux vers les entreprises publiques ou les ministères. Moïse Nyarugabo du Rcd a ainsi voyagé de ses fonctions de député vers le conseil d’administration de la Sonas avant de se prélasser dans le fauteuil de ministre de l’Economie nationale.Conscient de cette donne politique, Vital Kamerhe, président du bureau de l’Assemblée nationale, avait promis dans son discours d’investiture, de s’employer à améliorer les conditions de vie et de travail des députés pour juguler cette migration. La Dynamique de la Société civile (Dysociv) émet pratiquement sur la même longueur d’ondes.En effet, dans une déclaration publiée par «La République» dans sa dernière édition, la Dynamique de la Société civile de la Rdc pour la paix, la sécurité, la démocratie, la bonne gouvernance et le développement dans les Grands Lacs (Dysociv) demande aux députés de rester à l’Assemblée afin de respecter le contrat signé avec leurs électeurs. Pour la Dysociv, «les députés élus n’avaient pas battu campagne pour devenir ministres, ambassadeurs ou Adg, mais ils avaient sollicité les suffrages pour défendre les intérêts de leurs bases respectives au niveau de l’Assemblée nationale ». Et de poursuivre, «les suppléants n’avaient pas battu campagne et la plupart d’entre eux ne sont pas connus de la population. Nous voulons voir ceux qui ont fait des promesses au peuple demeurer à l’Assemblée nationale ».Ne pas trahir les électeursLes députés du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (Pprd), le parti majoritaire dans l’Amp et au Parlement, semblent aussi avoir bien perçu la portée totale de la consigne leur donnée par leur chef de file, Joseph Kabila lorsqu’il fut question pour ses proches de choisir entre les fonctions exécutives qu’ils exerçaient et le Parlement où ils venaient d’être fraîchement élus. Il leur conseillera expressément de travailler pour leurs électeurs qui leur avaient accordé leur confiance. Dans un article prospectif intitulé «De la grande bousculade sur l’avenue ex-3 Z » («La République» n°146 page 5) il était bien perçu qu’au regard de tant d’ambitions, il y a lieu de craindre des pleurs et des grincements de dents. Les plus embarrassés demeurent les Honorables députés nationaux et provinciaux qui doivent, ou gérer le mandat du peuple de la Première Législature de la troisième République, ou opter pour un portefeuille ministériel. En fin de compte, c’est le président de la République et Chef de l’Etat qui aura à trancher. On ne croyait pas si bien dire.Les 100 jours approchent déjà…Quoi qu’il en soit, les options affichées publiquement par le locataire de l’Hôtel du Gouvernement sont déjà corsées pour des politiciens au passé sulfureux qui se sont fait élire dans leurs terroirs. Car, ceux qui avaient fait l’objet des poursuites judiciaires pour malversation ou détournement sont déclarés persona non grata. L’autre catégorie des indésirables désignés par M. Gizenga est celle des personnalités dont la gestion fut décriée par le peuple sous les régimes précédents. Ces deux éléments ont donné cours à une sélection des candidats ministres qui a consommé de temps dans la confection de la liste. Et, selon les informations diffusées par Digital Congo dans la soirée, le cabinet du premier a fait savoir que le gouvernement sera présenté «dans les heures ou les jours qui suivent». Et pourtant, une source proche de ce même cabinet a laissé entendre que le délai butoir pour la mouture du Premier ministre expirait dans la soirée d’hier et que la liste devait quitter la Primature pour d’autres étapes.Le peuple est impatient de connaître son exécutif national qui doit passer aux œuvres nécessités par les cinq chantiers de Président. Le compte à rebours a déjà commencé et le chef doit bientôt rendre compte des 100 jours de son mandat amorcé le 06 décembre 2006.
Mayonde Kolongo

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